
Je souhaite vous présenter, mon amie Mariette avec qui je partage depuis plus de 10 ans une solide amitié et de nombreux points communs. Nous aimons échanger ensemble sur l’art et ses tribulations,
nos maris et leurs incompréhensibles compréhensions,
nos enfants et leurs passions, nos improbables collections d’objets impossibles et notre solide sens de la dérision.
Mais ce soir, je vais laisser l’amitié que je porte à Mariette pour laisser la place à l’admiration que j’ai pour l’artiste qu’elle est.
Mariette a cette capacité extraordinaire de créer à partir de tout ce qui l’entoure, ses joies, ses peines, ses coups de cœurs qui, aussitôt vécus, sont matérialisés en une forme singulière. Tous les objets qui l’entourent : sacrés ou banals, poétiques ou indignes, constituent son répertoire de formes.
Elle puise dans cet inventaire du quotidien, l’essence même de son inspiration pour nous offrir des hybridations qui interrogent nos certitudes.
Dans cette dynamique de création, elle décortique, dissèque, désagrège, décompose et altère les objets mais aussi leur identité première puis ré-agrémente, recompose, recoud, ré-assemble, représente et donc redonne à voir une nouvelle image, une torsion de la réalité, une réinvention.
Ce principe d’appropriation, qui tient autant du jeu d’enfant que de la volonté consciente, nous amène à sortir du cadre habituel de nos déterminations pour réinventer d’autres règles, pour transformer notre rapport au monde visuel qui nous entoure.
Ce monde visuel constitué de tout un fatras d’images,
de codes et de symboles sans hiérarchie que nous manions avec insouciance et inconscience.
Comme tout artiste, Mariette n’invente pas le monde dans lequel nous vivons, elle nous le donne à voir avec acuité.
Ce n’est pas elle qui a inventé les bazars de bondieuseries où les vierges lumineuses côtoient les saints en plâtre,
les étals des vide-greniers où les christs bradés flirtent avec les canevas.
Ce n’est pas elle qui empaille les oiseaux et représente les fleurs en plastique mais oui, elle s’en sert et merveilleusement, car c’est son territoire ces petites boutiques des horreurs que nous avons créées, elle puise dedans et nous propulse dans une parade tantôt effrayante, tantôt amusante, tantôt décadente mais toujours avec finesse et humour.
Son principe de transgression peut choquer celui ou celle qui ne sait pas voir le monde qui l’entoure, certains y voit quelque sorcellerie, mais si vous chaussez les lunettes grossissantes de Mariette, vous en verrez vous-même l’absurdité émouvante qui s’en dégage et vous la remercierez de vous avoir ouvert les yeux.
Mariette est une descendante de cette grande lignée d’artistes femmes, comme Annette Messager, Louise Bourgeois, Niki de St Phalle ou Marie Rose Lortet qui s’est permis la liberté de créer sans tabous et, qui déjà, dans les années 70, avaient été nommées « les sorcières » car la sorcière dans l’antiquité était celle qui voit au-delà et qui, a l’aide d’images de cire, bouleverse les éléments.
Voilà, je vous laisse maintenant regarder et voir au-delà des apparences, le beau travail de mon amie Mariette.
Carole Fromenty
« Les rêves parés »
Virieu, le 4 mai 2012
