Merci Jean-Paul…

Mariette, « 700 poupées en mal d’enfantement », Edition YMNA, 2022, 12 €. Sélection des oeuvres à : « La maison de Mariette », Saint Laurent du Pont.
Par ses poupées, Mariette crée des femmes dont le corps jaillit sous ses bandelettes avec ses morceaux de Lucifer et d’Ange. Mais contrairement à ce qu’on pourrait penser le corps n’est plus supplicié, écorché.
L’esprit sort par le ventre car il a besoin d’espace, de rencontre. Il ne se complait pas en lui-même. Le corps débonde l’esprit avec en hommage collatéral la Vierge, Jésus Christ et les démons qu’on projetait sur lui pour qu’il ne soit pas vivant.
Mais Mariette n’explique rien, elle touille la pâte du ventre ensemencé : du bric-à-brac battu se crée un clafoutis anthropomorphique. Elle a ainsi toujours un coup, un cran d’avance. Que demander de plus que cet envoûtement de matière ?
De telles poupées appartiennent au champ d’une révolte souterraine et intime. Mariette se doit donc de jouer avec les signes qui dopent l’esprit en des images votives. Quand elles lui plaisent, elle les transforme en gouffre instrumental où les hommes peuvent aller puiser leur élection. Ce qui les fascinait elle s’en amuse et le brise.
Sa création sous ses apparences s’ouvre sur un espace interne. Pour le faire vivre elle lui donne un autre corps. Innocent ? C’est possible. A moins qu’il arrête tout fluide. De ce qui est suranné ou horrible l’amour surgit. Le poteau de fonte d’un crucifix devient soudain une cuillère à bide.
Mariette répétons le n’explique pas car elle a mieux à faire : elle touille la pâte du ventre ensemencé : du bric-à-brac battu se crée un clafoutis anthropomorphique. Des êtres dorment dans ce corps, ils germent dans le whisky de l’esprit avant de devenir théâtre d’un grand guignol mystique.
Jean-Paul Gavard-Perret
