Merci à mon journaliste préféré…
Les poules s’entêtent, donlélé…
Le propre du renard, c’est de fouiner.
(Quand à la fouine, n’en parlons pas.)
A force de fourrer son museau partout, le renard trouve parfois à boulotter. Son nouveau garde-manger, il l’a déniché dans un poulailler des hauteurs de Saint-Laurent-du Pont. Plus souvent qu’à son tour, il vient donc rompre le cou des gallinacés de la petite basse-cour que Mariette a installée au bord de sa maison, sur les hauteurs, etc.. Si bien que lorsqu’on lui a proposé d’exposer à Virieu-sur Bourbre, ladite Mariette a songé à ses infortunées poulettes sans têtes … lesquelles ont fait illico le motif d’un papier peint, dont les lés (donlélé?) ornent les murs de cette exposition au coeur des Terres Froides. Il faut croire que les Terres Froides ont l’esprit chaud. Car l’ardeur, ici, ne fait pas défaut, s’agissant de défendre l’art actuel. Pile en face de l’église et de la place au marché, un lieu associatif d’expositions a ouvert à Virieu, depuis deux ans. Et ça marche ! Animé par l’écrivaine publique VICTORIA SAIZ, l’espace Esperluette a drainé, l’an passé, 2250 visiteurs-soit plus de deux fois le nombre d’habitants de cette commune rurale. Et pour ce qui est de la nouvelle exposition d’Esperluette, elle est consacrée, on l’aura compris, aux rêves parés (et réparés…) de Mariette. Des poignets de corsages en tissu blanc sont cousus sur des bannières en toile, piquées de têtes de vierges à la chevelure de crin noir. Non loin, un petit ange à la tête grimaçante et aux ailes dorées s’extirpe d’un nid, orné de perles de pacotille et de branchettes bourgeonnantes. Sur un mannequin de couturière, une robe en dentelle noire, rehaussée de fleurettes et de visages en céramique, semble tenir en laisse un chien à la peluche pelée-yeux emperlés, gueule encoquillée et crinière tresse… Loin d’elle le désir de choquer: Mariette tire l’aiguille et faufile sa mythologie familiale, imagerie aussi pieuse que domestique, dédiée à l’amour, la mort et l’enfantement. Magie blanche, poupées noires et coeurs rouges transpercés: les doigts de Mariette accompagnent fidèlement l’écoulement des jours, ils cousent un hymne à la vie, un acte permanent de dévotion palpitante. Pendant ce temps le papier peint caquette, dont les lés racontent que les poules sans têtes s’entêtent.
Jean-Louis ROUX
les affiches de Grenoble et du Dauphiné
vendredi 1 juin 2012