Quand Frédéric Jean écrit sur mes 700 poupées en mal d’enfantements…

Dans l’antre mystique du massif de la Chartreuse, Mariette œuvre en silence, de sa main laborieuse. Elle crée des poupées, étranges et troublantes, leur éloquence saisissante, leur âme envoûtante.
Sept cents créatures, nées d’un songe indicible, portent en elles une blessure, un désir indescriptible. Mi-anges, mi-démons, surgissent de sa main agile, dans un tourbillon de formes, son talent habile.
Mariette, couturière d’un rêve, en quête de maternité, sculpte des poupées en souffrance, prisonnières d’une fatalité. Femmes en quête d’enfant, poupées en détresse, prisonnières d’un sort funeste, d’une cruelle tristesse.
Visages étranges, saints et vampires, êtres baroques, souvenirs d’autrefois, nostalgie en émoi, mystères équivoques. Telle une alchimiste des émotions, Mariette provoque, une danse effrénée, où l’art brut et le singulier se croquent.
Chaque poupée conte une histoire, un désir exilé, un éclat d’âme brisé, une quête dépliée. Univers en ébullition, âmes en perpétuel mouvement, Symphonie discordante, tourbillon d’âmes et de sentiments.
Vie et mort dansent, lumière et ombre fusionnent, dans cette épopée étrange, les destins se façonnent. Mariette nous convie à plonger dans l’abîme, Contempler douleur, manque, ce qui en nous s’anime.
Les poupées, fruits d’une inspiration transcendante, dans son laboratoire d’émotions, l’artiste les enchante, créatures étonnantes, délirantes, douleur qui émane, gardiennes d’histoires infinies, messagères de spiritualité.
Amour intemporel, que le temps n’érode ni ne ternisse, chacun est convié à plonger dans cette danse précise. Au cœur de l’âme humaine, dans toute ses nuances, la complexité magnifique, dans ces poupées, se trouve.
Frederic Jean

© Adagp, Paris, 2023